Choses futiles et intéressantes / "Ce n'est pas en disséquant son cadavre qu'on percera le secret de l'Art du Poète" J-M. Sylvestre
lundi 26 janvier 2015
Le Journal d'un séducteur
"Aimer une seule est trop peu ; aimer toutes est une légèreté de caractère superficiel ; mais se connaître soi-même et en aimer un aussi grand nombre que possible, enfermer dans son âme toutes les puissances de l'amour de manière que chacune d'elles reçoive son aliment approprié, en même temps que la conscience englobe le tout - voilà la jouissance, voilà qui est vivre".
Soren Kierkegaard, Le journal d'un séducteur
vendredi 23 janvier 2015
Le cavalier de la coupe (Tarot de Marseille)
Uniquement intéressé par l'amour cet individu est un sentimental passionné. Malheureusement ses actes ne sont pas toujours en accord avec ses promesses
Musique de la bande-annonce
La musique de la bande annonce est composé pour l'essentiel de deux morceaux : LET TOMORROW BURN (titre électro) et FARFALLA (classique). Ces deux morceaux ont été fournis par la société BOOMERANG MUSIC .
Boomerang est une société située à Los Angeles fournissant de la musique pour les bandes-annonces, pubs...un peu comme de la musique au mètre.
Aucun compositeur n'est donc crédité.
Selon son facebook, le second morceau "Farfalla", serait dû à un jeune compositeur hollandais, Jochem Weierink.
Boomerang est une société située à Los Angeles fournissant de la musique pour les bandes-annonces, pubs...un peu comme de la musique au mètre.
Aucun compositeur n'est donc crédité.
Selon son facebook, le second morceau "Farfalla", serait dû à un jeune compositeur hollandais, Jochem Weierink.
jeudi 22 janvier 2015
Knight of faith / Le chevalier de la foi par Soren Kierkegaard
"Dans la conception morale de la vie, il s’agit donc pour l’Individu de se
dépouiller de son intériorité, pour l’exprimer dans quelque chose d’extérieur.
Chaque fois qu’il y répugne, chaque fois qu’il se retient à quelque sentiment,
disposition, etc., d’ordre intérieur ou qu’il y retombe, il pèche contre
lui-même, il se met dans un état de crise anxieuse. (...)
La philosophie
nouvelle s’est permis de substituer purement et simplement l’immédiat à «la foi
». Quand on agit ainsi, il est ridicule de nier que la foi a été de tout temps.
Elle entre ainsi dans la compagnie assez vulgaire du sentiment, de l’humeur,
des vapeurs, etc. En ce sens, la philosophie peut avoir raison de dire qu’il ne
faut pas s’en tenir à la foi. Mais rien ne l’autorise à prendre les mots dans
cette acception.(. . .)Il faut d’abord que l’individu se soit épuisé dans
l’infini, pour qu’il en soit au point où la foi peut surgir.
Le paradoxe de la foi
consiste donc en ceci que l’Individu est supérieur au général, de sorte que,
pour rappeler une distinction dogmatique aujourd’hui rarement usitée,
l’Individu détermine son rapport au général par son rapport à l’absolu, et non
son rapport à l’absolu par son rapport au général. On peut encore formuler le paradoxe
en disant qu’il y a un devoir absolu envers Dieu ; car, dans ce devoir,
l’Individu se rapporte comme tel absolument à l’absolu. Dans ces conditions,
quand on dit que c’est un devoir d’aimer Dieu, on exprime par-là autre chose
que précédemment ; car, si ce devoir est absolu, la morale se trouve rabaissée
au relatif. Toutefois, il ne suit pas de là que la morale doive être abolie,
mais elle reçoit une toute autre expression, celle du paradoxe, de sorte que,
par exemple, l’amour envers Dieu peut amener le chevalier de la foi à donner à
son amour envers le prochain l’expression contraire de ce qui, au point de vue
moral, est le devoir. (…)
Nous trouvons un
paradoxe de ce genre dans l’histoire d’Abraham. Au point de vue moral, le
rapport qu’il soutient avec Isaac s’exprime en disant que le père doit aimer
son fils. Ce rapport moral est ainsi ramené au relatif et s’oppose au rapport
absolu avec Dieu. (...) D’une part, la foi a l’expression du suprême
égoïsme : elle accomplit le terrifiant, qu’elle accomplit pour l’amour
d’elle-même ; d’autre part, elle est l’expression de l’abandon le plus absolu,
elle agit pour l’amour de Dieu. Elle ne peut entrer par médiation dans le
général ; car, par-là, elle est détruite. La foi est ce paradoxe, et l’Individu
ne peut absolument se faire comprendre de personne".
Soren Kierkegaard, Crainte et Tremblement.
Terrence Malick fut traduit dans le passé des textes de Martin Heidegger, philosophe influencé par les pensées de Kierkegaard qu'il citait souvent.
mercredi 21 janvier 2015
Quentin Jones (bande-annonce) L'artiste
L'artiste en plein autoportrait (extrait de la bande-annonce de KoC) |
Quentin Jones, malgré son patronyme masculin, est une femme.
Une jolie même, qui multiplie les activités : mannequin , illustratrice,
réalisatrice, actrice… Cette londonienne d'origine canadienne s’est rendue
célèbre pour ses vidéos promotionnelles destinées à l’univers de la mode, où
elle mélange collages, animation image par image.
Dans la bande annonce de "Knight of Cups", c’est un court
métrage intitulé "Paint Test No.1" que l’on voit. L’artiste réalise son
autoportrait. La vidéo complète est visible sur Viméo.
mardi 20 janvier 2015
Synopsis officiel / L'hymne à la perle
"Hymn of the Pearl" de Denis R. Fleming |
"I can't remember the man I wanted to be" Rick, dans la bande-annonce de "Knight of Cups".
Synopsis officiel
“Once there was a
young prince whose father, the king of the East, sent him down into Egypt to
find a pearl. But when the prince arrived, the people poured him a cup.
Drinking it, he forgot he was the son of a king, forgot about the pearl and
fell into a deep sleep. Rick’s father used to read this story to him as a boy.
The road to the East stretches out before him. Will he set forth?”
En Français : “Il était une fois un jeune Prince dont le
père, le Roi de l’Orient, l’envoya en Egypte pour trouver une perle. Quand le
Prince arriva, le peuple lui versa une coupe. Il la but, et oublia alors qu’il
était le fils du roi, oublia la perle et tomba dans un profond sommeil. Le père
de Rick lui racontait cette histoire. La route vers l'Orient s'ouvre à lui. La prendra-t-il ?"
L’histoire que le père raconte à son fils est celle d’un texte
apocryphe intitulé Actes de Thomas, qui daterait du troisième Siècle après
Jésus Christ, rédigé selon diverses sources soit en grecque soit dans un dialecte
dérivé de l’araméen. On y suit le voyage de Thomas en Inde. Le poème "Le chant de la perle", inclus à l'intérieur, pourrait avoir été écrit avant, et
ajouté par la suite dans le corpus.
Voici une version de cette parabole.
1. Encore
enfant, je vivais dans mon royaume, la maison de mon Père, jouissant de l’abondance
des richesses que me prodiguaient mes parents, lorsqu’ils m’envoyèrent, après
m’avoir équipé, loin de l’Orient, ma patrie.
2. Ils puisèrent abondamment dans la richesse de notre trésor et en firent un ballot qu’ils l’attachèrent.
3. Il était gros, et pourtant si léger qu’à moi seul je pouvais le porter.
4. C’était de l’or du pays d’Ellâjé, de l’argent du grand royaume de Kasak, des calcédoines d’Inde, des pierres chatoyantes du pays de Kushân.
5. Ils me ceignirent du diamant qui taille le fer.
6. Ils me retirèrent le vêtement resplendissant que, dans leur amour, ils m’avaient fait, ainsi que mon manteau de pourpre, tissé et ajusté à ma mesure.
7. Ils conclurent un pacte avec moi et ils l’écrivirent dans mon cœur, afin que je ne l’oublie pas: «Si tu descends jusqu’au fond de l’Égypte, et que tu rapportes la perle unique, celle qui est au milieu de la mer, là où demeure le serpent sifflant, tu revêtiras à nouveau ton vêtement resplendissant et ton manteau ajusté à ta mesure qui le recouvre, et avec ton frère, notre Second, tu seras l’héritier de notre royaume.»
8. (C’est ainsi que) je quittai l’Orient.
9. Je descendis accompagné de deux messagers, car le chemin était difficile et semé d’embûches et j’étais encore jeune pour un tel voyage.
10. Je franchis les frontières de la Mésène, le point de rencontre des marchands de l’Orient, atteignis le pays de Babel et passai les murs de Sarbug (= Labyrinthe).
11. Je descendis jusqu’au fond de Égypte ; là, mes compagnons me quittèrent.
12. Je me dirigeai directement vers le serpent et restai aux alentours de sa demeure, attendant qu’il s’endorme afin de lui ravir la perle.
13. Alors qu’ainsi je me trouvai absolument seul, étranger aux habitants de ces lieux, je vis un de ceux de ma race, un homme libre, un oriental, jeune, beau et gracieux, un fils de l’onction; il s’approcha et se lia à moi, et je fis de lui mon ami intime, mon compagnon à qui je confiai mon affaire.
14. Il me mit en garde contre les Égyptiens et le contact avec les êtres impurs, et je me revêtis de leurs vêtements, afin que personne ne me soupçonnât d’être un étranger venu pour s’emparer de la perle, ni n’excitât le serpent contre moi.
15. Mais pour une raison ou pour une autre, ils remarquèrent que je n’étais pas un fils de leur pays; par leurs ruses perfides ils me prirent au piège et ils me donnèrent à manger de leur nourriture.
16. J’oubliai que j’étais fils de roi et je servis leurs rois. J’oubliai la perle pour laquelle mes parents m’avaient envoyé (faire ce voyage) et à cause de la lourdeur de leur nourriture, je tombai dans un profond sommeil.
17. Mais mes parents surent tout ce qui m’était arrivé, et en furent affligés.
18. Un message fut proclamé dans notre royaume, ordonnant à tous les rois et les chefs de Parthie, à tous les grands de l’Orient, de venir à la cour (de notre palais),
19. Et ils décidèrent de ne pas m’abandonner en Égypte.
20. Ils m’écrivirent alors une lettre, que chaque grand signa de son nom: «De ton Père, le Roi des Rois, de ta Mère, la souveraine de l’Orient, et de ton Frère, notre second, à toi, notre Fils en Égypte, salut ! Réveille-toi, sors de ton sommeil et écoute les paroles de notre lettre.
Souviens-toi que tu es fils de roi. Vois dans quel esclavage tu es tombé.
Souviens-toi de la perle pour laquelle tu es parti en Égypte. Pense au vêtement resplendissant que tu revêtiras. Pense au manteau glorieux dont tu te pareras lorsque dans le livre des héros ton nom sera écrit et qu’avec ton frère, notre Second, tu hériteras de notre royaume.»
21. Le Roi avait scellé la lettre de sa main droite contre la méchanceté des fils de Babel et des démons furieux de Sarbug.
22. Elle s’envola comme l’aigle, le roi de tous les oiseaux; elle vola, se posa près de moi et devint toute parole.
23. Je m’éveillai au son de son cri et je sortis de mon sommeil. Je la pris contre moi, l’embrassai, défis son sceau et lus.
24. Les paroles de la lettre étaient celles-là mêmes qui étaient gravées dans mon cœur. Je me souvins alors que j’étais fils de roi, et la noblesse de ma naissance se rappela à moi. Je me souvins de la perle pour laquelle j’avais été envoyé en Égypte.
25. C’est ainsi que je me mis à charmer le terrifiant serpent sifflant. En prononçant sur lui le nom de mon Père, le nom de notre Second et celui de ma Mère, la reine de l’Orient, je le plongeai dans le sommeil. Je m’emparai alors de la perle et me retournai (entrepris de retourner) vers la maison de mon Père.
26. Leur vêtement souillé et impur, je m’en dépouillai et l’abandonnai dans leur pays, puis je me mis en route vers la lumière de l’Orient, notre patrie.
27. Ma lettre, qui m’avait tiré hors du sommeil, me précédait sur le chemin ; de même qu’elle m’avait éveillé par sa voix, elle me guidait maintenant par sa lumière: l’éclat resplendissant de la soie de Séleucie m’éclairait et par ses paroles, m’encourageait dans ma hâte, me guidant et m’attirant dans son amour.
28. Je sortis (d’Égypte), passai Sarbug, laissai Babel sur ma gauche et parvins à la grande Mésène, le port des marchands sur le bord de la mer.
29. Là me furent portés, des hauteurs d’Hyrcanie, mon vêtement resplendissant que j’avais quitté et ma toge qui le recouvrait, de la part de mes parents, par leurs trésoriers, à qui on les avait confiés à cause de leur fidélité.
30. Soudainement, alors que je ne me souvenais plus de la façon dont il était fait, car j’étais encore enfant lorsque je l’avais laissé dans la maison de mon Père. Dès qu’il fut devant moi, mon vêtement resplendissant me ressembla tel mon miroir. Je le vis en moi-même tout entier, comme moi-même je me retrouvai tout entier en lui, car deux étions-nous dans la division, séparés l’un de l’autre, et pourtant un à nouveau, dans une seule forme.
31. Il en fut de même pour les trésoriers qui me l’avait apporté, je vis aussi qu’ils étaient deux et pourtant une seule forme, car unique était le sceau gravé sur eux, celui du roi qui, par leurs mains, me rendait le gage de ma richesse: mon vêtement resplendissant, magnifique, orné d’éclatantes couleurs, d’or, de béryles, de calcédoines et de pierres chatoyantes, toutes ses coutures bien cousues dans sa hauteur, rehaussées de diamants. L’image du Roi des rois le recouvrait tout entier et ses couleurs étincelaient comme des saphirs.
32. Je vis qu’il vibrait tout entier des forces de [la connaissance] et comme à parler je vis aussi qu’il s’apprêtait, j’entendis le son des mélodies qu’il murmurait en s’approchant: «J’appartiens au plus dévoué des serviteurs, à la mesure duquel j’ai été taillé devant (la face) du Père; j’ai senti que ma taille croissait avec ses œuvres». Dans son émotion royale, il se tendait vers moi de tout son être et me poussait à le prendre des mains de ceux qui le présentaient. Mon amour me pressait aussi à courir à sa rencontre et à le recevoir.
33. Je me tendis vers lui, et le reçu.
34. Je me parais de la beauté de ses couleurs et m’enveloppai tout entier de mon manteau aux teintes éclatantes.
35. Ainsi revêtu, je remontai à la porte du salut et de l’adoration. Je courbai la tête, et j’adorai la splendeur de mon Père, dont j’avais suivi les ordres et qui avait accompli ce qu’il avait promis en envoyant mon vêtement vers moi.
36. À la porte de ses princes, je me mêlai aux grands, il se réjouit à mon sujet et me reçut, et je fus avec lui dans son royaume. Tous ses serviteurs le louaient devant son [trône] en l’invoquant. Il me promit que j’irais aussi avec lui à la porte du Roi des rois et que je paraîtrais en même temps que lui devant notre Roi, avec l’offrande de ma perle.
Adaptation: Pascale GERBAUD/François FAVRE, à partir des traductions proposées par P.-H. POIRIER, J. MENARD, J. MAGNE, H. LEISEGANG, H. JONAS.
© François FAVRE, Mani Christ d'Orient, Bouddha d'Occident, ed. Septenaire, 2002
2. Ils puisèrent abondamment dans la richesse de notre trésor et en firent un ballot qu’ils l’attachèrent.
3. Il était gros, et pourtant si léger qu’à moi seul je pouvais le porter.
4. C’était de l’or du pays d’Ellâjé, de l’argent du grand royaume de Kasak, des calcédoines d’Inde, des pierres chatoyantes du pays de Kushân.
5. Ils me ceignirent du diamant qui taille le fer.
6. Ils me retirèrent le vêtement resplendissant que, dans leur amour, ils m’avaient fait, ainsi que mon manteau de pourpre, tissé et ajusté à ma mesure.
7. Ils conclurent un pacte avec moi et ils l’écrivirent dans mon cœur, afin que je ne l’oublie pas: «Si tu descends jusqu’au fond de l’Égypte, et que tu rapportes la perle unique, celle qui est au milieu de la mer, là où demeure le serpent sifflant, tu revêtiras à nouveau ton vêtement resplendissant et ton manteau ajusté à ta mesure qui le recouvre, et avec ton frère, notre Second, tu seras l’héritier de notre royaume.»
8. (C’est ainsi que) je quittai l’Orient.
9. Je descendis accompagné de deux messagers, car le chemin était difficile et semé d’embûches et j’étais encore jeune pour un tel voyage.
10. Je franchis les frontières de la Mésène, le point de rencontre des marchands de l’Orient, atteignis le pays de Babel et passai les murs de Sarbug (= Labyrinthe).
11. Je descendis jusqu’au fond de Égypte ; là, mes compagnons me quittèrent.
12. Je me dirigeai directement vers le serpent et restai aux alentours de sa demeure, attendant qu’il s’endorme afin de lui ravir la perle.
13. Alors qu’ainsi je me trouvai absolument seul, étranger aux habitants de ces lieux, je vis un de ceux de ma race, un homme libre, un oriental, jeune, beau et gracieux, un fils de l’onction; il s’approcha et se lia à moi, et je fis de lui mon ami intime, mon compagnon à qui je confiai mon affaire.
14. Il me mit en garde contre les Égyptiens et le contact avec les êtres impurs, et je me revêtis de leurs vêtements, afin que personne ne me soupçonnât d’être un étranger venu pour s’emparer de la perle, ni n’excitât le serpent contre moi.
15. Mais pour une raison ou pour une autre, ils remarquèrent que je n’étais pas un fils de leur pays; par leurs ruses perfides ils me prirent au piège et ils me donnèrent à manger de leur nourriture.
16. J’oubliai que j’étais fils de roi et je servis leurs rois. J’oubliai la perle pour laquelle mes parents m’avaient envoyé (faire ce voyage) et à cause de la lourdeur de leur nourriture, je tombai dans un profond sommeil.
17. Mais mes parents surent tout ce qui m’était arrivé, et en furent affligés.
18. Un message fut proclamé dans notre royaume, ordonnant à tous les rois et les chefs de Parthie, à tous les grands de l’Orient, de venir à la cour (de notre palais),
19. Et ils décidèrent de ne pas m’abandonner en Égypte.
20. Ils m’écrivirent alors une lettre, que chaque grand signa de son nom: «De ton Père, le Roi des Rois, de ta Mère, la souveraine de l’Orient, et de ton Frère, notre second, à toi, notre Fils en Égypte, salut ! Réveille-toi, sors de ton sommeil et écoute les paroles de notre lettre.
Souviens-toi que tu es fils de roi. Vois dans quel esclavage tu es tombé.
Souviens-toi de la perle pour laquelle tu es parti en Égypte. Pense au vêtement resplendissant que tu revêtiras. Pense au manteau glorieux dont tu te pareras lorsque dans le livre des héros ton nom sera écrit et qu’avec ton frère, notre Second, tu hériteras de notre royaume.»
21. Le Roi avait scellé la lettre de sa main droite contre la méchanceté des fils de Babel et des démons furieux de Sarbug.
22. Elle s’envola comme l’aigle, le roi de tous les oiseaux; elle vola, se posa près de moi et devint toute parole.
23. Je m’éveillai au son de son cri et je sortis de mon sommeil. Je la pris contre moi, l’embrassai, défis son sceau et lus.
24. Les paroles de la lettre étaient celles-là mêmes qui étaient gravées dans mon cœur. Je me souvins alors que j’étais fils de roi, et la noblesse de ma naissance se rappela à moi. Je me souvins de la perle pour laquelle j’avais été envoyé en Égypte.
25. C’est ainsi que je me mis à charmer le terrifiant serpent sifflant. En prononçant sur lui le nom de mon Père, le nom de notre Second et celui de ma Mère, la reine de l’Orient, je le plongeai dans le sommeil. Je m’emparai alors de la perle et me retournai (entrepris de retourner) vers la maison de mon Père.
26. Leur vêtement souillé et impur, je m’en dépouillai et l’abandonnai dans leur pays, puis je me mis en route vers la lumière de l’Orient, notre patrie.
27. Ma lettre, qui m’avait tiré hors du sommeil, me précédait sur le chemin ; de même qu’elle m’avait éveillé par sa voix, elle me guidait maintenant par sa lumière: l’éclat resplendissant de la soie de Séleucie m’éclairait et par ses paroles, m’encourageait dans ma hâte, me guidant et m’attirant dans son amour.
28. Je sortis (d’Égypte), passai Sarbug, laissai Babel sur ma gauche et parvins à la grande Mésène, le port des marchands sur le bord de la mer.
29. Là me furent portés, des hauteurs d’Hyrcanie, mon vêtement resplendissant que j’avais quitté et ma toge qui le recouvrait, de la part de mes parents, par leurs trésoriers, à qui on les avait confiés à cause de leur fidélité.
30. Soudainement, alors que je ne me souvenais plus de la façon dont il était fait, car j’étais encore enfant lorsque je l’avais laissé dans la maison de mon Père. Dès qu’il fut devant moi, mon vêtement resplendissant me ressembla tel mon miroir. Je le vis en moi-même tout entier, comme moi-même je me retrouvai tout entier en lui, car deux étions-nous dans la division, séparés l’un de l’autre, et pourtant un à nouveau, dans une seule forme.
31. Il en fut de même pour les trésoriers qui me l’avait apporté, je vis aussi qu’ils étaient deux et pourtant une seule forme, car unique était le sceau gravé sur eux, celui du roi qui, par leurs mains, me rendait le gage de ma richesse: mon vêtement resplendissant, magnifique, orné d’éclatantes couleurs, d’or, de béryles, de calcédoines et de pierres chatoyantes, toutes ses coutures bien cousues dans sa hauteur, rehaussées de diamants. L’image du Roi des rois le recouvrait tout entier et ses couleurs étincelaient comme des saphirs.
32. Je vis qu’il vibrait tout entier des forces de [la connaissance] et comme à parler je vis aussi qu’il s’apprêtait, j’entendis le son des mélodies qu’il murmurait en s’approchant: «J’appartiens au plus dévoué des serviteurs, à la mesure duquel j’ai été taillé devant (la face) du Père; j’ai senti que ma taille croissait avec ses œuvres». Dans son émotion royale, il se tendait vers moi de tout son être et me poussait à le prendre des mains de ceux qui le présentaient. Mon amour me pressait aussi à courir à sa rencontre et à le recevoir.
33. Je me tendis vers lui, et le reçu.
34. Je me parais de la beauté de ses couleurs et m’enveloppai tout entier de mon manteau aux teintes éclatantes.
35. Ainsi revêtu, je remontai à la porte du salut et de l’adoration. Je courbai la tête, et j’adorai la splendeur de mon Père, dont j’avais suivi les ordres et qui avait accompli ce qu’il avait promis en envoyant mon vêtement vers moi.
36. À la porte de ses princes, je me mêlai aux grands, il se réjouit à mon sujet et me reçut, et je fus avec lui dans son royaume. Tous ses serviteurs le louaient devant son [trône] en l’invoquant. Il me promit que j’irais aussi avec lui à la porte du Roi des rois et que je paraîtrais en même temps que lui devant notre Roi, avec l’offrande de ma perle.
Adaptation: Pascale GERBAUD/François FAVRE, à partir des traductions proposées par P.-H. POIRIER, J. MENARD, J. MAGNE, H. LEISEGANG, H. JONAS.
© François FAVRE, Mani Christ d'Orient, Bouddha d'Occident, ed. Septenaire, 2002
lundi 19 janvier 2015
En attendant KNIGHT OF CUPS
KNIGHT OF CUPS, septième film de Terrence Malick sera projeté en Février prochain au Festival de Berlin. On en sait un peu plus sur ce film tourné en 2012. Une bande-annonce a été mise en ligne en décembre dernier, et un synopsis dévoilé. En attendant la sortie du film, rêvons un peu à ce qu'il sera à partir des éléments qui ont été dévoilés.
http://www.youtube.com/watch?v=bC-3rnv_b3o
Inscription à :
Articles (Atom)